Cette réponse n'engage que les signataires.
Notre ouvrage a suscité une diatribe de la part du CIRCEM. Nous espérons que celle-ci n’empêchera pas un travail rigoureux
de réception et de discussion intellectuelle.
Le CIRCEM nous accuse d’associer
malhonnêtement les auteurs, dont nous avons étudié les écrits, à une étiquette
qui serait «infamante». Il n’en est rien. Le nationalisme
conservateur que nous identifions est défini en cinq traits (le passéisme, la
critique conservatrice de la modernité, le rejet ou l’oubli des sciences
sociales, l’épistémologie idéaliste et l’euphémisation du vocabulaire
conservateur) et chaque auteur y est inscrit, sans que nous gommions leurs
différences. Ajoutons que sur le strict plan de l’histoire de la pensée
politique, l’importance de la pensée conservatrice au Québec est la norme et
non l’exception. La «banalité» du credo conservateur et de
l’étiquette qui colle à ses promoteurs anciens ou nouveaux n’a rien d’une
infamie ou d’une tare. Si toutefois les auteurs trouvent que cette mouvance est
hautement condamnable et qu’ils s’en dissocient, nous serions très heureux de
lire leur propre critique du conservatisme. Nous nous rejoindrions peut-être
sur des points communs et le débat nous aura tous fait avancer.
Nous n’avons jamais diabolisé cette
mouvance, car nous ne pensons pas qu’elle doive l’être. Elle peut être étudiée
et critiquée et nous avons cherché à démontrer comment se diffuse le discours
nationaliste conservateur, en nommant le réseau et les acteurs intellectuels
qui en sont les porteurs.
Nous n’avons jamais critiqué les personnes
elles-mêmes que nous respectons, mais uniquement les idées qu’elles
soutiennent. Nous souhaitons qu’il en soit de même pour nous. Nous désirons
ardemment défendre chaque page de l’ouvrage à la lumière de la discussion
publique. Nos positions ne sont pas au-dessus de la mêlée ou sans appel, nous
sommes dans l’arène visière levée. Nous nous prêtons à un examen public et
intellectuel de notre propos et nous n’allons refuser aucune occasion pour ce
faire.
Nous invitons donc Joseph Yvon Thériault,
Jacques Beauchemin, Éric Bédard, Marc Chevrier, Gilles Labelle et Stéphane
Kelly à défendre leurs idées eux-mêmes et nous espérons vivement qu’ils le
feront.
Amis, collègues, lecteurs sympathiques ou
sceptiques, nous ne savons que trop bien que le milieu universitaire et
médiatique québécois, sans doute tricoté trop serré, est très frileux face aux
débats, contrairement à ce que cultivent les Français, les Britanniques ou les
Allemands. Pour notre part, nous croyons que des débats intellectuels vigoureux
peuvent être menés pour notre plus grand bien et notre développement culturel,
ici au Québec, tout en respectant les personnes, leur dignité et leur liberté.
Jean-Pierre Couture et Jean-Marc Piotte
Québec
Amérique, 2012