Jean-Pierre Couture et Jean-Marc Piotte répondent au CIRCEM


Cette réponse n'engage que les signataires.

Notre ouvrage a suscité une diatribe de la part du CIRCEM. Nous espérons que celle-ci n’empêchera pas un travail rigoureux de réception et de discussion intellectuelle.

Le CIRCEM nous accuse d’associer malhonnêtement les auteurs, dont nous avons étudié les écrits, à une étiquette qui serait «infamante». Il n’en est rien. Le nationalisme conservateur que nous identifions est défini en cinq traits (le passéisme, la critique conservatrice de la modernité, le rejet ou l’oubli des sciences sociales, l’épistémologie idéaliste et l’euphémisation du vocabulaire conservateur) et chaque auteur y est inscrit, sans que nous gommions leurs différences. Ajoutons que sur le strict plan de l’histoire de la pensée politique, l’importance de la pensée conservatrice au Québec est la norme et non l’exception. La «banalité» du credo conservateur et de l’étiquette qui colle à ses promoteurs anciens ou nouveaux n’a rien d’une infamie ou d’une tare. Si toutefois les auteurs trouvent que cette mouvance est hautement condamnable et qu’ils s’en dissocient, nous serions très heureux de lire leur propre critique du conservatisme. Nous nous rejoindrions peut-être sur des points communs et le débat nous aura tous fait avancer.

Nous n’avons jamais diabolisé cette mouvance, car nous ne pensons pas qu’elle doive l’être. Elle peut être étudiée et critiquée et nous avons cherché à démontrer comment se diffuse le discours nationaliste conservateur, en nommant le réseau et les acteurs intellectuels qui en sont les porteurs.

Nous n’avons jamais critiqué les personnes elles-mêmes que nous respectons, mais uniquement les idées qu’elles soutiennent. Nous souhaitons qu’il en soit de même pour nous. Nous désirons ardemment défendre chaque page de l’ouvrage à la lumière de la discussion publique. Nos positions ne sont pas au-dessus de la mêlée ou sans appel, nous sommes dans l’arène visière levée. Nous nous prêtons à un examen public et intellectuel de notre propos et nous n’allons refuser aucune occasion pour ce faire.

Nous invitons donc Joseph Yvon Thériault, Jacques Beauchemin, Éric Bédard, Marc Chevrier, Gilles Labelle et Stéphane Kelly à défendre leurs idées eux-mêmes et nous espérons vivement qu’ils le feront.

Amis, collègues, lecteurs sympathiques ou sceptiques, nous ne savons que trop bien que le milieu universitaire et médiatique québécois, sans doute tricoté trop serré, est très frileux face aux débats, contrairement à ce que cultivent les Français, les Britanniques ou les Allemands. Pour notre part, nous croyons que des débats intellectuels vigoureux peuvent être menés pour notre plus grand bien et notre développement culturel, ici au Québec, tout en respectant les personnes, leur dignité et leur liberté.

Jean-Pierre Couture et Jean-Marc Piotte
Québec Amérique, 2012